7    l ´ i n d i v i d u    e t    l a    f o u l e

Le slogan »l'union fait la force«
évoque un certain idéal: pouvoir se faire entendre en s'alliant avec ceux qui partagent votre opinion et tenter de parvenir ainsi à réaliser ses projets. L'individu s'épanouit au sein du groupe dans l'espoir d'y trouver force et sécurité. Loin de rechercher la solitude, il désire faire partie d'un tout. Le fait que de par leurs nombres des individus puissent devenir des sujets politiques actifs, est historiquement une conception récente. Au cours des siècles passés, des soulèvements populaires se produisirent au sein d'une société clairement organisée en états (Guerre des Paysans, Révolution Française). A la fin du XIXe siècle, les grèves, les troubles, les mouvements de protestation et les soulèvements furent désignés par les sociologues comme des mouvements de foule non organisés c'est à dire comme »la masse« crainte par la bourgeoisie qui l'imaginait comme la représentation de la »populace« ou du spectre communiste.

En revanche, les sociaux-démocrates et les communistes voyaient en elle le prolétariat révolutionnaire qui engendrerait des hommes nouveaux et unis. Dans une démocratie moderne, les rassemblements de masse comme les manifestations, les teach-in, les sit-in, les grèves, etc. sont des moyens d'acquérir une conscience politique. Qu'ils soient de nature religieuse, culturelle, sportive ou politique, les grands rassemblements suscitent chez l'individu le
sentiment exaltant d'appartenir à une communauté,
inséparable d'une force aliénante à laquelle il n'est guère possible de se soustraire. Les masses peuvent cependant être
                                                                                   
manipulées.

Aspirer à se trouver parmi ses semblables (tous égaux) entraine un abandon partiel de son individualité. Plus l'enthousiasme collectif est exubérant, moins l'opinion de l'individu au sein de la foule est importante et plus il est aisé pour un personnage charismatique, à l'aide de formules bien tournées, de diriger une foule contre ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas s'y associer.

en avant