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Les serments de Strasbourg

Les serments de Strasbourg constituent le premier exemple connu d'écrit en vieux français et un des premiers écrits en allemand. Il s'agit aussi d'un des premiers traités rédigés en deux langues.

Ils sont retranscrits par l'historien contemporain Nithard dans son « Histoire des fils de Louis le Pieux » rédigée au Xe siècle. Ce document est aujourd'hui conservé à la Bibliothèque nationale de France.

Pour la première fois, un traité d'une telle importance était rédigé non pas en latin, mais dans la langue du pays. Les serments de Strasbourg témoignent de la division entre la Francie orientale et occidentale.

A travers ces serments, les deux frères promirent de se prêter assistance. Pour consolider cette promesse, les partisans des deux rois prêtèrent également serment, dans leur langue maternelle : ils refuseraient d'obéir à leur seigneur si celui-ci venait à rompre son serment.

Le serment prononcé en vieux haut allemand par Charles le Chauve, roi de Francie occidentale, futur royaume de France :

In Godes minna ind in thes Christanes folches/ ind unser bedhero gealtnissi, fon these/ mo dage frammordes, so fram so mir Got/ genuuizci indi mahd furgibit so haldi t/es/an minan bruodher, soso man mit rehtu/ sinan bru(od)her scal, in thiu, thaz er mig soso/ma duo, indi mit Lu(d)heren in noh heiniu t/hing ne gegango the minan uuilllon imo ce scadhen uuer(d)hen.

Le serment prononcé en vieux français par Louis le Germanique, roi de Francie orientale, futur Saint-Empire romain germanique :

Pro deo amur et pro Christian poblo et nostro commun/saluament d’ist di in auant. In quant deus/sauir et podir me dunat si/ saluarai eo cist meon fradre Karlo. Et in aiudha/ et in cadhuna cosa. Si cum om per dreit son/ fradra saluar dist, in o quid il mi altre/si fazet ; et ab Ludher nul plaid numquam/ prindrai, qui meon uol cist meon fradre Karlo in damno sit. Quodcum Lodhuuicus/ explesset. Karolus teudisca lingua sic hec eadem uerba testatus est.

Traduction du serment en français :

Pour l'amour de Dieu et pour le peuple chrétien et notre salut commun, à partir d'aujourd'hui, autant que Dieu me donnera savoir et pouvoir, je secourrai ce mien frère Charles par mon aide et en toute chose, comme on doit secourir son frère, selon l'équité, à condition qu'il fasse de même pour moi, et je ne tiendrai jamais avec Lothaire aucun plaid qui, de ma volonté, puisse être dommageable à mon frère Charles.

Le serment de l'armée de Charles le Chauve en vieux français :

Si lodhu uigs sagrament que son fradre Karlo iurat conseruat. Et Karlus meos sendra desuo part non los tanit si ioreturnar non lint pois. Neio neneuls cui eo returnar int pois in nulla aiudha contra lodhu uuig nun li iu er.

Traduction en français : Si Louis observe le serment qu'il jure à son frère Charles et que Charles, mon seigneur, de son côté, ne le maintient pas, si je ne puis l'en détourner, ni moi ni aucun de ceux que j'en pourrai détourner, nous ne lui serons d'aucune aide contre Louis.

Serment de l'armée de Louis le Germanique en vieux haut allemand :

Oba karl then eid then er sinemo bruodher ludhuuuige gesuor geleistit indi ludhuuuig min herro then er imo gesuor forbrihchit ob ih inan es iruuenden ne mag noh ih noh thero nohhein then ih es iruuenden mag uuidhar karle imo ce follusti ne uuirdhit.

Traduction en français :Si Charles observe le serment qu'il a juré à son frère Louis et que Louis, mon seigneur, rompt celui qu'il lui a juré, si je ne puis l'en détourner, ni moi ni aucun de ceux que j'en pourrai détourner, nous ne lui prêterons aucune aide contre Charles.